LA JEUNE FILLE ET LA BOULE
par André Thomarel
Roman

Le sujet

Ce roman raconte sur fond de secte moderne, entre émotion et violence, la dernière journée de vie sociale d'Éva Dublin une attachante jeune fille assoiffée de tendresse et d'amour, mêlant rêve et réalité, en quête d'une boule-dieu miraculeuse censée donner des super-pouvoirs de " réussite ".

Dans ce roman les aventures de la jeune fille sont fondées sur le principe de l'enchaînement inéluctable et fatal de faits réels et virtuels dont elle ne peut plus se dégager. La réalité chez Éva Dublin étant doublée en permanence par le rêve : l'imaginaire modifie sa vie, la corrige et la dépasse et la met sur les rails d'un destin qui l'emporte malheureusement loin d'elle, c'est-à-dire jusqu'au dénouement très particulier, mais très ouvert pour le lecteur.

Le processus mental qui permet à notre héroïne de passer entre réel et imaginaire est si bien maîtrisé par celle-ci, qu'on passe la frontière, en sa compagnie, entre ses deux mondes aussi fantasmatiques l'un que l'autre pour elle, sans nous-mêmes nous en rendre compte.

L'émouvant destin de cette trop rêveuse et solitaire jeune fille, envoûtée par une secte moderne jouant des angoisses et des désirs des individus, ne laissera pas indifférents les lecteurs, car les ravages des sectes, dans tous les milieux sociaux, n'ont cessé d'augmenter ces dernières années.

L'auteur a su donner à son roman, riche du conflit psychosexuel de l'héroïne et d'implications de tous ordres, une forte tension dramatique et un rythme soutenu, qui nous emportent dans le monde intime de cette fragile et crédule jeune fille.


L'auteur et son épouse en 1999.

J'ai voulu rendre visible
l'invisible de la jeune fille.




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VIDEO
La jeune fille et la boule
Modèle : Gaïa Suteiser




Couverture de la dernière édition composée de 4 livres
La jeune fille et la boule
Le Guide-leurre de la réussite (condensé)
Rendez-vous
Vauvenargues, Réflexions et maximes
ISBN 978-2-9513312-7-3 6e édition. Dépôt légal : mars 2009





2-3



LA JEUNE FILLE ET LA BOULE

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par André Thomarel




LA JEUNE FILLE ET LA BOULE





NOTES 1





1. Le lecteur est prié de ne pas chercher à lire maintenant les notes. Il les lira sur l'ordre du narrateur page (26-27), le moment venu.




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LE PRINCIPE



Le Principe fut au départ une formule physico-chimique, pseudo-scientifique non revendiquée, susceptible de donner naissance (par un assemblage de corps à structure cristalline [nickel, cobalt, ferrites], de corps à structure électronique [oxygène, platine] et de molécules comme l'hydrogène, l'hélium, etc.) à un matériau moléculaire, qui offrirait un phénomène de luminescence pouvant avoir des effets énergisants sur le comportement humain, car on pensait que ce matériau posséderait un champ magnétique riche en propriétés actives sur le cerveau.

Cette hypothèse de fabrication se répandit sur l’Internet et bien que l'on se doutât qu'il s'agissait plus d'une mystification que d'une vraie loi scientifique, le matériau fut fabriqué et vendu dans le commerce sous forme de boules par d’astucieux petits industriels et quelques artisans inspirés. Très vite, la rumeur se répandit sur l’Internet et autres médias que la lumière rayonnante naturelle qu'elles offraient (qu'on appela le lumen) avait développé dans leurs premiers utilisateurs une telle FORCE DE VIE TRANSCENDANTALE (mélange d'énergie mentale et physique dans une joie suprême), qu’ils avaient, contre toute attente et à l’étonnement général, réussi immédiatement dans toutes leurs ascèses mentales et actions en cours.

L’hypothèse, rebaptisée Principe, fut aussitôt récupérée et exploitée par une multitude de troublants et vénaux gourous, qui fondèrent églises, sectes, sous-sectes, pour révéler au monde les pouvoirs de cette boule miraculeuse... et en tirer le meilleur parti.

Et comme la nécessité de l'homme de croire en une transcendance a horreur du vide spirituel, le Principe et la boule purent occuper sans difficulté dans le cœur d’un certain nombre de contemporains les places vacantes de Dieu et de leur religion. .

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VOCABULAIRE



Étant donné qu’on ne sut pas inventer un nouveau langage pour s'exprimer dans le cadre de cette nouvelle croyance matérialiste (et aussi, redisons-le, afin de lui donner une aura spirituelle... propice aux affaires), on se contenta d'employer tout simplement par défaut, le vocabulaire théologique courant.

Le Principe, enrichi de commentaires métaphysiques, d’invocations, de psaumes et de louanges musicales, fut intronisé texte biblique et sacré. La matière pour fabriquer la boule devint une essence divine à l'instar de la nature élevée au rang de Dieu par Jean-Jacques Rousseau au 18e siècle, et la boule représenta le Corps visible et sacré qu'on devait vénérer de cette nouvelle essence, le nouveau dieu laïque tant attendu par les hommes, qui réalisait à la commande, pourvu que vous le possédiez dans votre salon, tous vos désirs.

Les effets du lumen — la pseudo force agissante, étrange, mystérieuse, magique, incompréhensible qu’avaient ressentie ipso facto au mental comme au physique dans une joie suprême, plus exactement dans une félicité inébranlable, les premiers utilisateurs de la boule-dieu — furent qualifiés de surnaturels ou divins, puisqu'on ne pouvait pas vraiment les expliquer scientifiquement.

Les disciples en puissance subjugués par cette découverte crièrent d'instinct au miracle et s'engouffrèrent avec frénésie derrière cette révélation qu'ils attendaient et qui répondait, pour la plupart, à leur désir d'une existence exclusivement riche de réussite rapide et de bonheur terrestre, et leur ouvrait la voie à de nouvelles religions laïques tant espérées.

Ils firent, eux aussi, très vite connaître leur ravissement par l'intermédiaire des médias, et la force agissante fut définitivement consacrée FORCE DE VIE SPIRITUELLE dans la gloire et la béatitude de la boule-dieu ; tandis que les désirs, les rêves, les envies des croyants devinrent leur absolu.

Par contre, on constata très vite, que, pour des raisons mystérieuses non encore élucidées à ce jour, la boule-dieu pouvait se décharger de tout ou partie de son lumen, perdant de ce fait son action bénéfique, ses effets divins, miraculeux.

Comme on ne s'expliquait pas ce phénomène, on voulut penser que la matière céleste de la boule-dieu était un esprit vivant, et que le manque d'ardeur à croire en ses vertus, disons plus théologiquement en ses grâces, pouvait en être la cause.

De ce fait le Principe fut rattaché aux grandes religions relevant du mysticisme et le rapport boule-dieu/croyant se transfigura en une union mystique, terriblement émouvante et excitante, encore plus riche de promesses de bonheur.

Cette pratique du langage par défaut c'est-à-dire de vider les mots de leur sens primitif pour les coller dans le vocabulaire d'une autre science, ou d'une autre philosophie, ou d'une autre religion, etc., en leur donnant un sens figuré, n’est pas un phénomène récent. Disons qu’elle s’est considérablement développée depuis quelque années.

On dit d'un cafard qui est anormalement gros qu'il est mythique ; d'un groupe musical bruyant qu'il est cosmique ; d’un amante particulièrement adulée qu’elle est céleste ; d’une peine de prison qu’elle est rédemptrice ; que l’amour est une expérience mystique ; d'une loi constitutionnelle qu'elle est sacrée ; d'une femme excessivement bonne qu'elle est sainte ou que sa beauté est spirituelle quand elle est lumineuse, rayonnante, irradiante ; d’un écrivain pornographe particulièrement inspiré qu’il est un mystique du sexe ; des gangsters du gang des postiches (Europe 1, 16 01 2003) qu’ils furent « les héritiers spirituels de Jacques Mesrine » l’ennemi public numéro un des années 1970. Ce sont des mots vidés de leurs sens originel mais qui font mouche.

Il est à noter que Freud procéda de cette manière lorsqu'il inventa la psychanalyse, puisqu’il utilisa par défaut le langage mythologique de la poésie et de la littérature psychologique gréco-latine des anciens temps pour décrire (en attendant de mettre au point un matériel verbal plus scientifique) les phénomènes affectifs : et c'est ainsi que l'« attachement érotique de l'enfant au parent du sexe opposé (Lagache) », par exemple, devint le complexe d'Œdipe, et la fixation affective à soi-même, le narcissisme. Mais il mourut sans avoir eu le temps de s'atteler à cette tâche..

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ÉGLISES



Le Principe n'ayant pas au départ précisé sa finalité d'utilisation entre vérité ou mensonge, vice ou vertu, bien ou mal, les nouveaux adeptes (aimant comme tous les gens de notre époque qu'on les réunissent en groupe dans un même espace d'expression, ayant l'habitude des réunions de travail et des congrès, des colloques et des conventions dans leurs entreprises ou dans leurs mouvements associatifs) se dispersèrent dans toutes sortes de courants, tendances, sectes, sous-sectes sans vraies pensées théologiques, où ils se déchirèrent et s'épuisèrent à écouter de faux mystiques, de douteux apologues, de tortueux évangélistes, de dangereux prophètes vociférateurs, disons toutes sortes de charlatans de la boule, qui les poussaient à se quereller les uns les autres autour du Don du Principe... et à passer à la caisse plus souvent que nécessaire.

Dans tout ce fatras pseudo-biblique proposé et claironné une chatte n'y aurait pas retrouvé ses petits.

Ce fut ainsi jusqu'au moment où de prétendus vrais théologiens survinrent, mirent un peu d'ordre dans tout cela en dégageant clairement — au travers de subtiles et habiles interprétations, commentaires et exégèses du premier texte — les trois grands dogmes susceptibles de satisfaire toutes les âmes en désarroi.

Et trois grandes religions virent enfin le jour.

Et enfin de vraies Églises Médiatrices de toutes grâces du sauveur, disons de la boule-dieu, sortirent de l’ombre.

1. — Disons grosso modo qu'il y avait les tenants du « Soi en la boule-dieu ». Se référant à certains théologiens, ils faisaient vœux de ne mettre la Force spirituelle générée par la boule-dieu qu'au service du bien. Ils acceptaient la propriété d'une boule-dieu individuelle à la maison pour se régénérer en famille mais idolâtraient en groupe, lors de grand-messes chantantes, une boule-dieu générale (plus sacrée que les boules-dieu individuelles), exposée dans leurs Églises. Leur absolu leur était imposé. Leur credo, c’était «  une boule-dieu pour tous mais tous en UNE ».

Le lumen de la boule-dieu renforçant « leur inclination à aimer tous ceux qui pleuraient, criaient et souffraient » (Lamartine), il devenaient des abîmes d'amour humanitaire. Leur cœur n'était jamais assez vaste pour prendre à leur charge toutes les misères du monde : les enfants maltraités, les chômeurs courtes et longues durées, les femmes battues, les jeunes scandaleusement privés du RMI, les mères abandonnées, les génocides du monde entier, les enfants au travail dans les pays du tiers-monde, le racisme, les sans-papiers, la pauvreté dans l'univers tout entier, les S.D.F, etc. ; et même la misère des chiens, des chats, des oiseaux, des ours, des loups et des lapins ne leur était pas indifférente.

Mais, ces adeptes-là ne se contentaient pas de pleurer sur les souffrances des gens, des animaux ou de la nature, car ils savaient que « au delà de la miséricorde et de la pitié naturelle que tout individu doit avoir pour ceux qui souffrent » (Lamartine), la voie de salut d'un homme passe par l'aide physique et matérielle effective apportée à ceux-ci et aux causes qu'on défend ; ce qui importe, ce qui compte, c'est d'agir avec et pour les autres.

Et grâce à la boule-dieu qui les exaltait et les remplissait de sa Force spirituelle dans leur Église, ils voyaient se développer considérablement leur capacité naturelle d'agir.

Alors ils agissaient... il luttaient, ils se battaient avec férocité et sans relâche avec et pour ceux qui souffrent. Pas une semaine sans opération coup de poing médiatique : occupation de sous-préfecture, manifestation bruyante sur la voie publique, barrage de voies ferroviaires, occupation de gare ou de centre des impôts, etc. Ils étaient tout le temps sur la brèche et menaient la vie dure aux gouvernants en place qui n'avaient plus qu'à capituler, car Ô miracles ! grâce au miraculeux lumen, grâce à cette transcendance en laquelle ils croyaient — avec leurs Églises qu'ils aimaient — ils réussissaient dans toutes leurs actions humanitaires. Jamais d'échec. Jamais de fatigue. Jamais à court d'idée. Jamais à court d'argent grâce à de généreux donateurs.

S’il arrivait qu’on danse dans ces Églises — c’était toujours d'une manière mesurée et respectueuse de l'Esprit-Saint de la boule-dieu.

Ce courant humaniste, qui ne rassemblait, comme dit plus haut, que des gens ayant une propension au bien, à la morale et à la droiture, et que parfois on qualifiait un peu par moquerie d’« intégristes du Principe », fut à l’origine de la création, entre autres, des célèbres Églises de la 7e Rue, de la 15e Avenue, de la 24e Rue et d'autres Églises dans le monde.

2. — Les tenants exclusifs du vice et du mensonge fondèrent quelques Églises, mais qui furent, en fait, peu fréquentées. (Car le mal moral uniquement et ouvertement pratiqué écœure et fait vomir les gens au bout d'un moment, comme tout le monde le sait.)

3. — Les autres croyants intéressés par le Principe s'engouffrèrent en masse dans les Églises dites « libérales » (dépositaires exclusifs selon elles de l'Esprit du Don du Principe) qui prônaient la grande et sainte-alliance entre vérité et mensonge, la grande harmonie entre vice et vertu dans l'unité parfaite et retrouvée du corps et de l'esprit... grâce au lumen de la boule-dieu dont la possession personnelle était une certitude de liberté suprême et de félicité immédiate et durable.

Disons, pour être plus clair, que la perspective proposée en vue de leur salut social — au cours d'une première cérémonie sacramentelle d’initiation à la boule-dieu toujours payante — par ces Églises libérales à l'idéal de ces croyants-là avides de Force de vie miraculeuse à usage plutôt personnel, c'était premièrement : la recréation et l'unification ultra-rapide de leur moi en l'Esprit de la boule-dieu ; deuxièmement la réalisation — sans délai — de leur absolu propre, secret, librement choisi, c'est-à-dire pour ainsi dire, l'accomplissement presque quasi immédiat dans la réalité du lendemain de leurs droits imprescriptibles à un bonheur égoïste, humain, terrestre, permanent et même à perpétuité (sexe, beauté, jeunesse, santé, sveltesse, argent, biens matériels, loisirs, etc., autour d'une réussite personnelle rapide et sans effort) sur fond autorisé et fortement conseillé par leurs évangélistes, de mensonge, de cynisme tranquille, d'humanisme judicieusement dosé pour se donner bonne figure, et de coups bas en tout genre pour accélérer le mouvement.

Ce fut, vu le succès considérable qu'eurent ces Églises-là, de la part des saints hommes qui les fondèrent, un coup de génie.

S'ouvrirent un nombre incalculable d'Églises de ce courant (comme celle de la 3e Avenue, ou celle de la 12e Rue très connue pour son prosélytisme ardent, etc.) avec filiales un peu partout dans le monde.

Ceux qui voulaient s'exprimer au milieu des adeptes pouvaient le faire. On les écoutait patiemment. Mais cette pratique n'était pas encouragée par les directeurs spirituels de ces Églises libérales qui préféraient de beaucoup voir les croyants, chanter et danser avec leur boule-dieu à l'oreille ou dans le cou. On demandait en son for intérieur la réalisation de son absolu propre et la boule-dieu grâce à la puissance de son lumen le réaliserait obligatoirement. La composition exacte de son absolu était libre et restait secrète : c'était la liberté totale à ce niveau-là. On pouvait le modifier en toute liberté à sa convenance selon ses appétits du moment. On se respectait les uns les autres. On pouvait fréquenter son Église (comme une sorte de club de gymnastique) autant qu'on le voulait pour augmenter sa foi en la boule-dieu ; il suffisait de payer la cotisation en début d'année ; les offrandes n'étaient pas refusées, voire même encouragées, par les ministres du culte.

On était pleinement heureux dans ces Églises libérales, car les interrogations morales toujours génératrices de grandes souffrances pascaliennes n'y avaient pas cours. Selon ce courant religieux, comme je l’ai déjà précisé, le cœur de la boule-dieu n'était pas transpercé par les péchés des croyants.

Et, de plus, il est à souligner, je le rappelle, que la foi du croyant en la boule-dieu se développait en lui sans qu'il eût aucun exercice ni rite liturgique quelconque à effectuer : pas de mortifications à subir, de sermons à écouter, pas de récitation de rosaire, pas de messes barbantes, de pardons ou de chemins de croix pénibles et fatigants à parcourir, de communion réparatrice tous les premiers vendredi du mois, pas de litanies de qui que ce soi à réciter, pas d'actes de contrition ni de supplications à formuler à des saints, pas d'agenouillements douloureux aux pieds de l'Immaculée ; fini le temps de la miséricorde à attendre de quelque Vierge toute-puissante. On ne vous obligeait à rien et on réussissait toujours dans toutes les actions choisies.

On ne vénérait aucune boule-dieu totémique en particulier. La boule-dieu était exclusivement « à Soi, en Soi et pour Soi ».

On chantait beaucoup et on dansait beaucoup dans ces Églises libérales, pour exprimer son entière et vigoureuse dévotion au Principe et à son Église..

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