ANDRÉ THOMAREL

RENDEZ-VOUS

GUIDE DU PETIT MINET

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49 fiches illustrées

où

rencontrer

un petit minet.

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PHOTOS
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FICHES

DIFFUSION P.

ISBN 2-9513312-3-1
Dépôt légal : mars 2004
Réimpression 2005
ISBN 2-9513312-4-X
Dépôt légal: janvier 2006

Note: ---.

rendez-vous

 

Vous trouverez une multitude de guides sur Paris qui vous diront où aller boire un verre, souper, danser, regarder un spectacle — et aussi où acheter des objets rares, des vêtements de marque, des produits   exotiques —, et même trouverez-vous à profusion des guides pour aller nulle part ou ne rien acheter. Mais vous ne trouverez aucun guide pour vous dire où rencontrer des petits minets. On me dit que c’est formellement interdit   par la loi, sous peine de lourdes sanctions pénales, pour la raison que les petits minets, telle une espèce animale en voie de disparition, doivent être protégés. Eh bien, moi, qui ne suis pas de cet avis, après une longue enquête dans la ville suivie d’un consciencieux travail d’organisation, — au mépris de la loi, je vous l’ai écrit ce : Guide du petit minet allégorique. Et puis, tant pis pour moi si je finis mes jours en prison !

 

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LE PETIT MINET DE LA SEMAINE

Toutes les semaines ce petit minet change d'éthique et d'esthétique.

FICHE 1

Fiche1. — Petit minet lyrique gorgé de promesses en émotions, que vous porterez facilement à incandescence dans son panier si vous êtes l’être d’exception qu’il attend et surtout — s’il peut abriter sa pudeur derrière une lumière tamisée, car, alors, il n’éprouve plus de complexes à donner libre cours à ses harmoniques les plus échevelées et les plus jouissives que vous amplifierez au gré de vos fantasmes pittoresques ou luxurieux longtemps exprimés ; mais aussi de vos mots d’amour tendrement murmurés. Craignez, néanmoins, de croire qu’il pourrait se connecter définitivement à vos pensées évolutives et à votre énergie communicative, car il n’est pas de coutume que les petits minets de mon guide se laissent embarquer dans de folles aventures hors des frontières de l’espace de rapprochement, d’expérimentations ou de tentatives désespérées qu’ils offrent généreusement à leurs admirateurs. Oui, je le crains fort, ce petit minet basilic aussi divin que surprenant, qui distille une fragrance délicate où se fondent les arômes du miel, de la menthe, du poivre et de la pomme verte, vous donnera des joies si intenses, vous ouvrira si grandes les portes du bonheur — mais dans son univers borné ! - qu’il risquera de vous faire perdre, si vous vous laissez aller à mêler au plaisir de la sensation les aspirations et les attentes du cœur, tout sentiment de la réalité.

Lecteur et lectrice, mon frère et ma sœur : Je vous dirai, un peu plus tard, comment entrer en contact avec mes petits minets dans les lieux de rencontre où ils tiennent couramment leurs assises.

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rendez-vous

Les mercredis et vendredis de 23h à l’aube

Les mercredis entrée libre

Au Tabou Club

Boulevard Poissonnière, Paris 2e, M° Sentier

Fiche2. — Extraordinaire petit minet excessivement riche en fourrure dont la couleur bouge et change de luminosité, d’intensité, de velouté lorsque vous la caressez — et vous voilà envahi par la certitude que vous ne mourrez jamais à tant l’aimer.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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rendez-vous

Les mercredis, jeudis et samedis à partir de 21h

Au Hürrem Club

rue St-Denis

Paris 10e

M° Halles

Fiche3. — Il y a comme une splendeur froide et monumentale dans ce petit minet dont je ne vous conseille pas la fréquentation. D’emblée, sa posture hautaine toute dénuée de sensualité vous inquiète et vous avez du mal à trouver la bonne distance. Il semble délibérément décalé, comme en situation, comme au spectacle pour mieux vous impressionner. Vous avez beau, le scruter, le caresser, l’explorer pour tenter d’en révéler l’âme, le mystère qui l’habite : rien n’y fait. Vous devez vous rendre à l’évidence, ce qui lui manque, c’est une complicité, une obéissance dans le rapport à l’autre, et à ses exigences, et à ses songes passés, et à ses obsessions ; de l’instinct ; une folie propice à toutes les alchimies pour vous inspirer ; des entrailles de feu ; voire une trivialité discrète aux confins des réalités parallèles pour vous métamorphoser. Vous avez beau chercher, vous ne trouvez en lui aucune singularité attachante pour vous transfigurer, aucune minuscule dose d’érotisme latente pour vous faire vibrer, aucune petite perversité communicative, aucun savoir-faire pour exalter vos envies océaniques et vous faire célébrer le culte du merveilleux dans la réalité. Il ne vous illumine pas malgré votre volonté, malgré vos ardeurs ; et vos désirs restent à flots. Vous sortez de son univers épuisé et déçu. Oui, il lui a manqué une aura sensorielle pour vous fasciner, l’apothéose de la passion que pimente le libertinage pour vous enflammer — que sais-je encore, de la matière nucléaire pour vous faire exploser ! Je ne vous le conseille pas ; néanmoins je le fiche car cette sorte de petit minet glacial, incolore, inodore et sans saveur peut plaire à certains. A chacun ses goûts.

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rendez-vous

A partir de 20h du mercredi au samedi

Au Soul-Montmartre

Boulevard Rochechouart, Paris 18e, M° Anvers

Fiche4. — Voici un petit minet, brillant de malice que vous serez tenté de malmener, de caresser avec brutalité, on ne sait pas pourquoi, peut-être son aspect malicieux, faussement permissif, vous aura-t-il donné un sentiment de propriété et mis en confiance. Il y a des petits minets qu’on veut s’approprier tout de suite, sans coup férir comme on dit ; on a l’impression qu’ils vous donnent cette autorisation. On estime qu’ils sont a priori nos choses. C’est notre côté possessif, primitif, animal. L’homme de Neandertal s’éveille en nous et veut d’emblée exprimer ses sauvages pulsions. Exprimant son profond mécontentement, il prend d’abord un air de répulsion, se recroqueville sur lui-même et vous refuse cette expérience libératrice que vous attendiez de lui ; puis, prenant ensuite un air de terreur devant votre emportement et ce qu’il craint de subir, il se débat, vous repousse, hurle, et ameute tout le quartier. Et vous voilà courant dans les rues, affolé, recherché par la police pour maltraitance à petit minet. C’est un comble ! Si je vous donnais l’adresse de ce petit minet, vous seriez en droit de m’injurier. — C’est que je vous voudrais du mal... Que dites-vous ?.. [...] Bon, d’accord ! Puisque vous insistez, je vous la donne quand même. A vous de prendre vos responsabilités.

 

 

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rendez-vous

Les vendredis et samedis de 23h à l’aube, avec des prix spéciaux pour nos lecteurs : 30% de réduction sur toutes les boissons, sauf cocktail et champagne.

A La ligne de démarcation

rue Biscornet

Paris 12e

M° Bastille

Fiche5. — Petit minet qui vous laisse faire sans manifester le moindre sentiment, sans prendre aucune attitude, aucune pose avantageuse, il reste passif, froid, les babines mollement retroussées sur des canines dangereusement pointues — ce qui vous inquiète... tandis que l’opale de son regard vous observe avec un air de distance indéfinissable — ce qui vous complique les choses. Au bout d’un moment, devant son mépris incommensurable un sentiment de malaise vous envahit et vous devenez tout faible, tout tremblant, incertain, angoissé — alors vous n’avez plus de force pour entretenir votre élan. Vous frôlez le plus bas niveau des passions auquel vous n’êtes jamais parvenu dont la preuve est le retour de votre flamme sur elle-même.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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rendez-vous

Les mardis, mercredis et samedis de 19h à minuit

Au Bombay

Avenue Jean-Jaurès,

Paris 19e

M° Laumière

Fiche6. — Ce petit minet au philanthropisme profond est, de plus, un vrai mystique, car il a les enthousiasmes des grands spirituels. Il embrasse des causes avec passion. Ce fut la mienne hier, ce sera la vôtre demain. Issu d’un milieu moralement étriqué, il n’hésita pas très tôt à rompre des lances avec son entourage familial et social pour accéder à sa liberté, et plus d’un virent en lui un petit animal rebelle et pervers, alors qu’il n’était qu’un petit minet à la recherche d’une instance transcendante à partager avec les âmes contemporaines dans la plénitude au sein du temps. Il se meut très simplement inondant ses icônes, dans la crypte de son ventre (où il les presse d’entrer avec une joyeuse confiance), de tendres prières et de supplications troublantes, — et vous fera très vite faire des progrès considérables, car ses dérives pécheresses — néanmoins toujours délicates et sensibles — exprimant la quête obstinée de son idéal, sont pédagogiques. En résumé ce petit minet, touché par la grâce, s’efforcera de mettre ses connaissances au service de votre foi. Et s’il le faut, il vous relatera avec complaisance, pour mieux vous illuminer, ses expériences avec les autres, et vous rirez de bon cœur. Un petit défaut : ses confidences ne concernent que les performances hors du commun de ses adorateurs. Il vous contera tout au risque de vous vexer, voire de vous humilier. Il n’empêche, la spiritualité de ce petit minet est reposante et ses confidences ont une tonalité optimiste... contagieuse. Je vous le conseille tout particulièrement.

 

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rendez-vous

Les vendredis, samedis et dimanches de 21h à l’aube

Au New Hampton Club

rue des Petites-Ecuries

Paris 10e

Fiche7. — Petit minet, d’origine créole, indolent dans son velours rouge. La grâce de sa pose, les sinuosités lumineuses de son profil mordoré, l’élégance et la noblesse de sa forme cuivrée, son parfum capiteux, enfiévreront votre esprit et vos sens jusqu'à la frénésie. Si vous explorez son idée du bonheur avec la même passion que l’on entreprend une quête de soi, il vous mettra, mais sans risques ni périls, enfin au monde. Au début, il pourra vous apparaître un peu statique au niveau de l’action. Mais vous vous détromperez vite : c’est prévu dans sa stratégie. Très vite, sa langueur varie en permanence suivant les caresses prodiguées et les élans de votre flamme et elle vous deviendra vite une source incessante de ravissements, d’extases et d’enseignements, car elle n’exclut pas une évolution rapide, une sorte de folie, des métamorphoses, des transfigurations, des crises, des conversions de la basse énergie à la féerie des sens, marquées comme il se doit par des calmes ou des aplats. Mais la vie finit toujours par le reprendre.

 

 

 

 

 

 

 

 

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rendez-vous

Les jeudis, vendredis et samedis à partir de 22h

Danse et barbecue-dégustation de plats antillais à 0h

Entrée gratuite après 2h

Au Cabaret du Châtelet

Place du Châtelet

Paris 1er

M° Châtelet-Les-Halles

Fiche8. — Ô désespoir ! Ô rage ! Ô puissance inutile ! Petit minet pathologique et peu participatif qui vous fera devenir chèvre (ne supporte même pas que vous l’effleuriez du bout des lèvres), qui se hérisse et s’écrie à la vue du « féroce viscère » (Casanova) que vous lui présentez : Non, non, ne vous en servez pas ! Je ne le supporterai pas. Contentez-vous de m’admirer, miaule-t-il en sanglotant éperdument.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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rendez-vous

Du mardi au samedi à partir de 20h30

Tenue correcte exigée

Aux Couples

rue de la Gaîté,

Paris 14e

M° Gaîté

Fiche9. — Comment s’appelle-t-il et où officie-t-il donc ce petit minet qui, avec son sourire railleur, se laisse considérer longuement sans aucune gêne, vous disant avec un air de nonchalance : Allons, réveillez-vous ! Qu’attendez-vous donc pour me lisser le poil ? Un peu de patience : il est en ce moment en observation chez son vétérinaire ; mais je vous ferai savoir prochainement, par e-mail, la date de son retour, ainsi que ses jours de présence, dans son lieu de rencontre.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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rendez-vous

Dans l’attente de son retour parmi nous,

fréquentez, Les Platines : nombreux petits minets asiatiques à disposition

De 21h à 2h

Entrée libre

rue de Tolbiac

Paris 13e

M° Tolbiac

Fiche10. — Chose promise chose due : Voici comment entrer en contact avec mes petits minets : Entrez dans l’établissement ci-joint répertorié avec le Guide du petit minet à la main. 1. Posez-le négligemment, à l’endroit, sur le comptoir à côté de votre verre ou sur votre table, et patientez. S’il est disponible, le petit minet référencé se présente spontanément à vous. S’il n’est pas disponible, c’est un autre petit minet qui vient très vite se frotter contre vos jambes. 2. Posez le livre, à l’envers, à côté de votre verre. Le petit minet référencé s’abstient de tout contact. C’est un autre petit minet de mon association qui vient miauler entre vos jambes. Dans ce cas-là, comme dans le cas précédent, si vous les suivez dans leur panier, veuillez me faire parvenir une fiche qui complétera ultérieurement mon guide.

athomarel@free.fr

                                                

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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rendez-vous

Tous les jours de 22h à 3h

(2 boissons payées = 1 boisson offerte)

Au www.active-suspension

Avenue Marie-Sangnier

Paris 14e

M° Porte de Vanves

Fiche11. — Ces deux petits minets ne se quittent pas. Ils sont siamois. Celui-ci n’a rien de cérébral. Il est habité par aucune métaphysique. Il ne manifeste aucune aspiration frénétique à l’absolu. Il a une allure frêle mais il possède une énergie et une force d’immanence exceptionnelles. Son petit côté diabolique, obstiné, déterminé, lui a donné une vaste réputation. Il est agile, infatigable, cruel et plein d’idées. Il se livre sans retenue et ses à-coups qui viennent du dessous vous laisseront K.-O. Son frère siamois est moins physique, moins instinctif. Il a une part secrète, cachée. Il dénote une certaine fragilité dans le regard. C’est de toute évidence un petit minet qui porte des blessures à l’âme. Cela transparaît dans son jeu, mais, néanmoins, il l’accomplit avec recueillement et, quoiqu’il y ait toute cette tristesse en lui, il saura vous griffer le moment venu — même si c’est avec pudeur, même si c’est avec retenue. Pour finir, disons que l’action conjuguée de ces deux petits minets, si dissemblables par leur nature et leur psychologie mais néanmoins complémentaires, vous permettra de réaliser quelques-uns de vos fantasmes les plus jouissifs. Avec eux, vous irez jusqu’au bout du voyage dans la nuit.

 

 

 

 

 

 

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rendez-vous

Les lundis et mardis à partir de 23h

Entrée payante mais prix des boissons abordables

Chez Music-Band

Porte Maillot

Paris 17e

Fiche12. — Je me méfie de ces petits minets qui veulent prolonger leur jeunesse, rester d’éternels enfants. Il faut leur donner tout sans qu’ils ne vous apportent jamais rien.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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rendez-vous

Le jeudi uniquement de 23h à l’aube

Strip-tease à la carte

1 bouteille achetée = un strip-tease offert

Entrée + consommation : 14 euros

Carte étudiante + consommation : 11 euros

Bouteille : 85 euros

Consommation : 6 euros

Au String Club

Boulevard Raspail

Paris 14e

M° Bac

Fiche13. — Ce n’est pas l’architecture stylisée de cet attachant petit minet qui est fascinante, mais sa fraîcheur, la luminosité rayonnante de son teint et le timbre à la fois limpide et racé de ses soupirs, alliés à une pétulance qui dévore le monde avec curiosité et enthousiasme. On est immédiatement transporté par un jeu délié dont l’imagination et la maîtrise dépassent l’entendement. Son appétit de fantaisies le conduit à accepter les caresses les plus insolites. Ne soyez pas timide. Montrez-lui cette sensation de vertige, de puissance, de brûlure, cet état de transe, d’affolement qui vous soulève à sa vue. Oui, rencontrez-le au plus vite, je vous le conseille : tantôt grâce, subtilité et élégance; tantôt harmonie virile, sa rythmique volontaire, entrecoupée d'arabesques frémissantes, exalte l'impulsivité sensuelle de tous ceux qui l'approchent.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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rendez-vous

Les mercredis de 22h à 2h

Au Baobab Bar

Quai François Mauriac

Paris 13e

M° Quai de la Gare

Fiche14. — On peut dire que ce petit minet, sauf erreur de ma part, vous donnera immédiatement la profonde et immense conscience d’être vivant, le sentiment vibrant d’exister. Il vous ouvrira un monde de violence et de feu à 25 000 années-lumière de la Terre, en compagnie des fameux quasars, galaxies hyperbrillantes, étoiles scintillantes et autres objets cosmiques mystérieux vivant aux confins de l’univers. Vous élevant aux extases thermonucléaires les plus gravitationnelles et aux pratiques galactiques les plus follement magnétiques et énergétiques, vos joies deviendront solaires et vous accéderez à la réalité transcendante des sens la seule qui vaille la peine de vivre. Croyez-moi, ce petit minet céleste vous ne vous en déferrerez pas, vous ne vous en guérirez pas.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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rendez-vous

A partir de 22h30 les jeudis, vendredis et samedis

Au Minou Bar

rue Oberkampf

Paris 11e

M° Filles-du-Calvaire

Fiche15. — Joli petit minet à la grâce infinie qui mériterait le Fipa d’or pour ses vocalises ravissantes et fluides ébouriffées de poésie bien que marquées par moments par un excès de sonorité. Il n’a pas de symboles politico-sociaux-religieux ou métaphysiques à faire valoir, juste un don lyrique à exprimer peut-être pour dissimuler un fond de douleur, une faille secrète, une blessure qu’il faut cacher à tout prix, ou tout simplement pour dire que, maintenant (car il n’est nulle douleur que le temps n’apaise), il prend la vie comme elle vient, renonçant à la définir avec des paroles, des mots qu’il ne possède pas, ne cherchant d’ailleurs pas à les connaître, préférant s’épanouir dans la vacuité limpide et chantante de son esprit, puis dans les vibrantes expérimentations non pas des songes où se lovent les lancinants souvenirs, mais dans la quête sensuelle des corps. Par contre, ce qu’il y a d’émouvant dans ce petit minet, c’est qu’il garde l’empreinte de ses rencontres successives dans les modulations de ses formules mélodiques, comme si ses délicieuses gâteries buccales modifiaient à chaque fois profondément le timbre, la tessiture, la virtuosité de sa voix. Si vous êtes obsédé par ce genre de petit minet à la sérénité souriante, tour à tour miauleur émérite et avaleur par larges goulées gargantuesques de jets de particules lactiques, ne le négligez pas car, quand il n’avale pas dans l’incarnat de sa gorge les chaudes émissions spasmodiques et onctueuses de votre force souveraine, incessante, plénière, totale, ou ne miaule pas pour illuminer l’instant présent afin de faire surgir en vous la divine sensation, son style est dépouillé et expressif, je dirai même d’un réalisme souvent cru quand il prend des poses. Ce petit minet se trouve au Loft de l’avenue Foch jusqu'à 3 heures. Il vous y attend. Nul besoin de politesse verbale pour ouvrir la rencontre. Nulle nécessité de questionnement au sujet de sa vie affective étant donné son refus de toute conceptualisation de l’essence psychique de son être, de son désir de n’être qu’un corps sans âme. S’il vous plait, allez directement au but, soyez aussi souriant et gracieux que lui en l’invitant à s’asseoir à votre table et, le regardant sans le voir, c’est-à-dire très exactement en le surveillant à travers le prisme de votre sensibilité, restez un court instant dans une attitude d’attente songeuse... ensuite, prenez un air de profonde écoute et de ravissement pour l’engager à vous offrir son introduction émotionnelle musicale. Il s’épanouit de contentement, vous fixe de ses grands yeux vides mais brillants, puis vous régale de son récital de suaves vocalises mâtinées parfois, comme je l’ai déjà dit plus haut, hélas ! de sons stridents — et vous êtes parti, quelques instants après en sa compagnie pour le grand voyage à Cythère.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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rendez-vous

Les vendredis, samedis et dimanches à partir de 22h30

Cravate et veste obligatoires

Au Loft

Avenue Foch

Paris 16e

M° Porte Dauphine

. — Entier, excessif, brûlant de désirs et d’une richesse d’expression tout à fait envoûtante — car désormais toujours à l’écoute des messages diffusés par nos regards, et à la recherche d’une complémentarité de timbres et de caresses exemplaires —, ce petit minet a des allures de maître du monde quand il sort de l’ombre avec la vivacité et la vigueur de l’oiseau de nuit, et expose sa faille avec une jubilation qui crève sa forêt broussailleuse où le maintenaient dans les temps passés sa pudeur et son isolement. Confirmant l’excellence de son mental retrouvé, sans plus attendre, avec brio, il vous régale de ses libres fulgurances.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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rendez-vous

Tous les samedis de 23h à 6h

Chez Génération Hip-Hop

rue Berger

Paris 1er

M° Les Halles

Fiche17. — Petit minet en forme surprenante de dessin-sculpture évoquant plus il est vrai, une figure électro-gothique rock ou soft au look néoromantique archi-piercé, qu’un petit minet — au profond émouvant bordé de gracieux contours tout tendus vers le ciel — implorant avec retenue dans un murmure plaintif sa fusion mystique. Un petit minet surprenant à ne caresser que pendant un bref instant, car secrètement habité par une intensité si rare, qu’il s’enflammera d’emblée dès vos premières caresses, et tant et si fort, et tant, que, tout ébahi, ahuri, vous le verrez, se libérant de sa sombre chemise à jabot, se décomposer, s’écrouler, se déconstruire soudainement dans une furia de mouvements nerveux, de secousses, de frémissements des chairs et des poils, et de miaulements hystériques — et jusqu'à la folie, et jusqu’au spectre halluciné ! Avant qu’il ne se reconstruise et reprenne sa forme originelle, acharnez-vous avec fureur dans ce maelström aux prises avec l’indicible (surtout si vous êtes tendance jeux de rôle « black-métal » avec vêtements cloutés et rangers rehaussés d’étriers et d’incrustations métalliques), explorez très vite les détours mystérieux de ce labyrinthe obscur et caverneux, le tréfonds crépusculaire de cette béance satanique — et saisissez en criant, vous aussi, les symboles qui veulent s’en dégager mais reviennent sans arrêt, s’affaiblissent ou repartent sur d’autres bases par ondes progressives.

 

 

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rendez-vous

Les mardis, jeudis et samedis de 23h30 à l’aube

A La Tour

rue du Bourg-l’Abbé

Paris 3e

M° Etienne-Marcel

Fiche18. — Par le simple sentir lui donner vos propres yeux, votre propre bouche, vos propres membres, votre respiration, votre souffle : la vie même qui est en vous pour ne former qu’un seul être. Le toucher. Le caresser. Etre en lui et lui en vous. Votre finitude engloutie dans des étreintes sans limites. Révélation. L’indicible en liaison étroite et organique avec son corps visible afin de tout remplir. Accomplir dans son infini votre désir qui vous rendra transparent à votre éternité au fond de vous. Extase. Toutes ces pensées montantes que vous laissez deviner sur votre visage, ces sensations émergeantes que vous manifestez avec pudeur en le regardant, ce petit minet n’y sera pas sensible. Oh ça non !.. car sa conscience ne se sent à l’aise dans aucune autre conscience que la sienne, que dans l’épouvantable labyrinthe de sa propre conscience. Oh non ! ce n’est pas un petit minet avenant, doux, caressant, enchanteur que ce petit minet-là ! Mais un loup — ne sachant ni dissimuler ni mentir. Son ADN aurait-il été modifié pendant son enfance avec des gènes de cette sorte de mammifère carnivore ? Ou souffre-t-il d’une paranoïa grave qui le couperait du monde ? Aucune parole exquise pour vous accueillir. Aucune lueur brûlante au fond des yeux qui cherche à découvrir votre sensibilité. Aucune distillation de murmures oniriques pour vous émerveiller. Aucun effeuillage romantique pour vous bouleverser, aucune pantomime sublime et sensuelle, aucun gros bisou humide ou gentil câlin duveteux sous la couette du panier pour opérer l’alchimie des corps. Non, rien ! rien de tout cela ! Il reste sec, garde un aspect revêche, des attitudes brutales assorties à son caractère qui est de toute évidence méchant. Ne vous avisez surtout pas de vous laisser aller à un douloureux emportement, ou à lâcher quelques pauvres insultes, ou de vous résoudre à une sorte d’agressivité suppliante de retour de mauvais goût, et encore moins de laisser couler des larmes de désespoir et de souffrance impudiques. Il se fermerait encore plus. Il prendrait votre désarroi pour un triomphe personnel et ferait surgir en vous la nostalgie d’une autre vision des petits minets, le sentiment du temps perdu et de la vie gâchée, de la passion bafouée, du rendez-vous raté. Ce n’est pas un petit minet, c’est un loup solitaire attaché non pas à son panier mais à sa méchanceté, à son désir de faire le mal, de faire souffrir, ne sortant ses émotions qu’en hurlements d’une rare violence, et qui cherchera à vous atteindre au cœur autant qu’au ventre. Oui, c’est un chef-d’œuvre de noirceur d’une résilience incalculable. Dommage qu’il ait si mauvais caractère, car sa beauté sauvage et troublante vous transfigure. Néanmoins ce petit minet je le fiche : libre à vous de le rejoindre dans son panier si vous avez le goût de l’enfer sur terre.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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rendez-vous

Sauf dim-lundi.Mar./jeu. jusqu'à 1h. Ven./sam. jusqu'à 5h

A La Villa

rue des deux-portes

78000 Versailles

Fiche19. — Non seulement on aime ce petit minet pour son goût savoureux mais on dit dans son lieu de rencontre que lécher ce petit minet est très bon pour la santé. Je ne sais pas si c’est vrai mais c’est le message que font passer certains admirateurs, fines gueules et âmes charitables, que j’ai rencontrés. Il paraît que ses sucs sont très riches en acide oléique, un acide gras qui joue un rôle bénéfique sur le cholestérol sanguin, en provoquant une élévation du bon cholestérol et une légère baisse du mauvais cholestérol. Ses sucs auraient également un effet favorable sur le fonctionnement gastrique et intestinal avec, notamment, un effet stimulant sur la sécrétion biliaire. Enfin, les sucs de ce petit minet favoriseraient la croissance, dit-on encore (ce n’est pas une raison pour le présenter à votre rejeton), et la minéralisation osseuse (présentez-le à votre grand-père par contre), avantage qu’il ne partage avec aucun autre petit minet du lieu. Par contre, murmure-t-on, si vous faites un régime amincissant, n’en abusez pas, cinq à six coups de langue tous les trois jours, pas plus : les sucs de ce petit minet seraient très caloriques.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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rendez-vous

Les samedis, dimanches, et jeudis de 21h à 1h

A La Cave

rue du château

92200 Neuilly

Fiche20. — D’abord, ce petit minet vous enchantera par sa conversation thématique sur les joies et les délices de l’amour. Mais ensuite, à votre grand étonnement, il fait montre d’une grande répulsion pour les travaux pratiques. Au lieu de se coller contre votre ventre pour vous inciter à mettre en œuvre les dons que vous avez reçus de Dieu, il se projette dans l’espace et décline avec acrimonie, d’une voix aigrelette ses ambitions irréalistes : S’il fait le petit minet de service dans cette gargote infâme où vous l’avez déniché, c’est par défaut ! hurle-t-il, et il en a vraiment marre des gens comme vous. Lui, ce qui l’intéresse, ce dont il rêve, c’est le métier artistique ou médiatique miaule-t-il tout recroquevillé dans son coin sous votre œil sidéré par tant d’inconséquence, le seul métier qui vous enrichit tout de suite — et non de se salir les pattes avec vous et de faire souffrir son corps comme sa mère à dû faire souffrir le sien pour gagner sa vie à Pigalle, gémit-il. Vous rêvez, vous hallucinez : Bordel, quelle perte de temps ! Quel gâchis ! Dans quel traquenard êtes-vous tombé ? alors que le temps passe si vite et que vous allez rater le dernier métro. Très vite vous comprenez que ce petit minet, qui n’a que quelques printemps et veut déjà, sans effort, devenir célèbre et riche comme les stars du foot, du loft, ou de « Popstars » qui le font rêver quand il les voit se balader en bagnole de luxe perso et costard Nino Cerruti ou jupette Jean-Paul Gaultier — mais qui a perdu toute figuration de l’effort — ce qu’il veut, c’est du cash tout de suite sans même faire ses preuves, oui ; et vous restez là, tout pantelant et révolté par l’image qu’il renvoie de lui, celle d’un petit minet puéril, égoïste, avide, qui a cru lire sur votre casquette que votre portefeuille serait un aller simple vers sa réussite, vers sa réussite sans le moindre effort. Mais pour qui vous a-t-il pris, bon dieu ? Non ! Non ! Non ! plus jamais ça, plus jamais ce genre d’expérience déplorable. O.-K., O.-K., ce petit minet je ne vous en donnerai pas l’adresse : Vous n’avez pas de temps à perdre, vous, à moins que...

Fiche21. — Je suis toujours surpris que certains matous veuillent faire certaines chose répugnantes aux petits minets de mon guide. Pourquoi n’essayent-ils pas sur eux-mêmes, à l’aide d’objets rituels, leurs immondes pulsions. Cela vient, vraisemblablement, que leur lâcheté est si incommensurable qu’ils préfèrent faire souffrir l’innocent que souffrir eux-mêmes ; et, que leur défaut de vertus les plus élémentaires active leurs vices.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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rendez-vous

du mardi au samedi de 21h à 3h (sauf jours fériés)

La direction se réserve le droit d’admission

Au Pulp Bazar

rue Oberkampf

Paris 11e

M° Oberkampf

Fiche22. — Une silhouette fine, nerveuse, où l’énergie semble concentrée dans sa profondeur. Un teint coloré, bronzé, tempétueux sous la broussaille qui le fait ressembler à un capitaine au long cours revenu d’un pays lointain pour vous raconter ses aventures exotiques. D’emblée ce petit minet vous entraîne dans les bas-fonds de son panier-cargo pour une bordée prométhéenne à l’horizon sulfureux de ses ambitions et de ses exigences brutales. Faites immédiatement chanter votre burin, tel un sculpteur halluciné, dans l’incendiaire matière qu’il vous offre et gravez-y votre nom. Ne perdez pas de temps, vous risqueriez de l’irriter. L’explication de texte n’est pas nécessaire avec lui pour faire monter son dérèglement émotionnel. L’essentiel, c’est qu’il y ait de la rage, de la bestialité dans l’action. Travailler, travailler, avec vigueur, avec ardeur, sans vous préoccuper d’aucun détail — surtout côté pile, technique qu’il apprécie tout particulièrement, où il aime entraîner son partenaire dans la découverte de lui-même. Technique qui vous exaltera et vous permettra de mieux vous connaître par effet de miroir. Le geste du burin, deux heures, pas moins, doit passer par la force du ventre. Ni tendresse, ni sensibilité, ni subtilité, je le répète, car ce petit minet n’a pas d’aptitude à l’indicible. Aucune sorte de poésie n’est à lui susurrer à l’oreille : les métaphores alambiquées ne lui sont pas nécessaire pour projeter son imaginaire fantasmatique dans la réalité. Du burin ! du burin ! N’économisez pas votre talent ! Multipliez le geste, les effets mécaniques du burin se feront ressentir au plus profond de l’épaisseur de ses parois au rouge somptueux et dur. Si vous êtes ce sculpteur moderne, cet atlante, foncez à cette adresse. N’hésitez pas ! Je vous conseille tout particulièrement cet étonnant petit minet si satisfait de son moi profond et de son identité première, qu’il n’est pas à la recherche, comme vous l’avez compris, de sensations de science-fiction et encore moins en quête d’extases de bénitier.

Fiche23. — Tu sais, il y a une force d’évocation indéniable dans un petit minet gracieusement dessiné par dame nature. Je pense qu’on peut deviner bien des choses du caractère, de l’absolu et des rêves d’un petit minet d’après sa forme et son délicieux tracé.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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rendez-vous

Tous les mardis

Ambiance groove et house

Au Tamara Club

rue des Francs-Bourgeois

Paris 3e

M° Rambuteau

Fiche24. — Que peut-on dire de ce petit minet quasi immobile, palpitant d’infimes mouvements : qu’il n’est certes pas une figure frénétique et bouillonnante symbolisant le désir de jouissances charnelles d’un monde de violence, de folie et d'illusions en quête d’une alternative à la transcendance religieuse ; encore moins une icône vivante et incandescente en rut dans le crâne blanchi à la chaux d’un pauvre moinillon telle une promesse tactile et gustative d’expérimentation impossible — mais plutôt une aube toute timide dans sa fraîche rosée dont la fragile pigmentation chromatique, la lenteur signifiante, exigeront de votre part une virtuosité plastique   minimale ; qu’il relève du voyage mental et de la capacité à rêver le corps, sa place dans l’espace et la géométrie invisible de ses liens aux autres ; qu’il relève d’une gymnastique atonale dans laquelle différentes zones du corps sont prises en compte, mais aussi la respiration, le regard, des points de focalisation à trouver où chaque mouvement est longuement esquissé avant d’être exécuté. La solution : de la délicatesse ! Contentez-vous d’une danse du peu, du presque rien, quelque chose de l’art du non-agir, du contemplatif ; mais parfois jusqu'à l’agacement, jusqu’au remue-méninges qui feront opérer la révolution chorégraphique dans ce petit minet tout en nuances, tout replié sur lui-même, beaucoup trop à l’écoute de sa petite musique intérieure.

 

 

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rendez-vous

Les mardis et samedis de 21h à minuit

Aux Jeunes Talents

Boulevard Mac-Donald

Paris 19e

M° Porte-de-la-Villette

Fiche25. — Par quel mystère tel petit minet touche-t-il aux choses essentielles de la vie, et tel autre n’y touche jamais ? Peut-être cela est-il, parce que ce n’est pas seulement être vivant qui compte pour lui, mais parce que c’est l’expérience d’être vivant qu’il recherche. Sans plus attendre, ce petit minet vous demandera de participer à la cristallisation de son identité au travers d’une descente aux enfers nerveuse et rythmée, d’une quête existentielle sous forme de rapport coups de griffe. Et vous devrez réussir une prouesse merveilleuse : celle de le mettre de nouveau au monde. Oh ! ça oui, beau ténébreux, ce petit minet n’est pas à concevoir comme le chaste rendez-vous d’une léthargique après-midi, car vous devrez vous engager, avec votre grand art et votre grand savoir-faire, tout de suite, dans la dimension de son propre désir en le faisant participer autant à une géométrie désordonnée de la vie qu’à la tendance de plus en plus forte de son corps à devenir une performance éblouissante. Et souvent son regard se nimbera de dédain, comme s’il vous mettait au défi de réaliser toutes les extravagances de ses étreintes fantasmées — car, non seulement, il ne respecte pas les lois traditionnelles de la morale sexuelle conventionnelle, mais réinvente à tout instant une écriture du corps qui essaie de dérouler les fils de l’invisible pour tenter de définir les fondements d’une idéologie adepte de la modernité et de la liberté des moeurs. Mais oui, beau ténébreux, si vous vous sentez apte à sonder les profondeurs d’une vie bouillonnante dans un dialogue phénoménologique de haute-volée, je vous engage à rejoindre, dès ce soir, cet ardent et incendiaire petit minet dans son panier.

 

 

 

Fiche26. — Être exclu de l’imagination amoureuse et luxuriante de cet exubérant petit minet, c’est une souffrance — mais que vous devez accepter. Être rejeté de son univers réel et public, torride, par interdiction unilatérale de panier pour délit de faciès serait une injustice intolérable à votre égard qui m’obligerait à prendre à son encontre de graves sanctions au nom des principes de la dignité humaine. Veuillez m’aviser des manquements qu’on me dit récurrents de ce petit minet à la déontologie de mon guide, afin que j’en avertisse immédiatement la Ligue des Droits de l’Homme.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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rendez-vous

Les mardis à 21h et les jeudis à 0h35

Aux Décibels

rue du faubourg Saint-Antoine

Paris 11e

M° Bastille

Fiche27. — Ce n’est pas le tracé de ce petit minet surdoué qui est fascinant, car il est à peine dessiné, mais sa jeunesse et sa fraîcheur, alliées à une intelligence précoce qui dévore le monde avec curiosité et enthousiasme. On est évidemment, d’emblée, transporté par sa joie de vivre et sa foi absolue en son art qui confine à la mystique. Son style dynamique, rapide, extrêmement physique, qui touche à la virtuosité sans perdre de vue une esthétique pleine de mystère et d’envoûtement, illumine sur-le-champ son adorateur ; et son appétit de découvertes le conduit à accepter les voyages les plus insolites. Soyez, néanmoins, en permanence doux, tendre, et respectueux, car, comme vous l’avez compris, il y a du ciel dans ce tout jeune petit minet.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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rendez-vous

Les mardis, mercedis, jeudis et samedis de 23h à 5h

Au Rallye

rue de la Gaîté

Paris 14e

M° Gaîté

Fiche28. — Les vertus thérapeutiques du poil de petit minet ne sont plus à prouver. Faites en une récolte abondante lors de vos rendez-vous. La sorcellerie utilise sept variétés de poil de petit minet avec succès. Pour faire court et pratique à la fois, je ne parlerai que des trois variétés de poil de petit minet les plus faciles à distinguer dans la lumière tamisée d’un petit panier. Le poil blond de petit minet réduit en poudre, cru ou cuit, mêlé avec un peu de beurre frais, de blanc d’œuf et dix grammes de cervelle de lièvre détrempée au préalable dans un peu de vin clairet, a une puissance merveilleuse pour dessécher les hémorroïdes qui fluent depuis longtemps. Si on applique ce mélange sur des ulcères invétérés et purulents, il les nettoie admirablement. Le poil noir de petit minet réduit en poudre en même temps qu’un peu de bois pourri, de cire d’abeille, et appliqué pendant quelques jours, guérit définitivement de toutes sortes de maux de la peau : petites gales, engelures, démangeaisons, pustules. Le poil roux de petit minet, pilé avec sa racine en même temps qu’avec le corps d’une araignée noire desséchée dans sa toile, et mêlé avec de la poudre de nid d’hirondelle, le tout délayé dans un petit verre de vin blanc avec une goutte d’hydromel et bu pendant sept ou huit matins, empêche les caries dentaires, assèche la vessie des incontinents, guérit du mal de tête, suspend les coliques intempestives, empêche les yeux de couler, fait baisser la tension artérielle, soulage les bronchiteux, leur donne une haleine fraîche et une libre respiration. Accommodé ainsi, il sert aussi au flux de sang des mélancoliques. Largement fourni en petits minets à poil roux, ne vous privez pas de repartir du Bal des Chats avec un petite pochette bien remplie de poils de ce coloris, ces maux étant si fréquents dans notre pays

                               Avec l’aide du Grand Albert,

                               Albert-le-Grand, né en 1200.

 

 

Fiche29.

WANTED

On recherche activement petit minet racé au poil très noir, à la silhouette à la fois fine, souple et affirmée, aux yeux jaunes avec un regard aux iridescences étranges et une grande bouche admirablement dessinée, qui n’a pas rejoint son panier depuis quinze longs jours. On se perd en conjectures à son sujet : Aurait-il tout simplement suivi à l’étranger un gros matou dont il serait éperdument tombé amoureux ? Ou, après s’être fait renverser comme un vulgaire chat de gouttière entre la rue de Lappe et le boulevard Voltaire en se rendant à son lieu de rencontre, aurait-il été secouru par des membres de la secte des Témoins de Jéhovah qui maraudaient par là, ce qui ne laisse pas de nous inquiéter quant à la qualité des soins prodigués vu l’opposition de cette secte à toute transfusion sanguine ? — ou, laissé pour mort sur le pavé, aurait-il été tout simplement enfourné dans la benne à ordures par des éboueurs dénués de toute aménité ? Ou aurait-il été lâchement enlevé par une bande de malfrats étrangers en vue de repeupler les foyers à petit minet d’Amérique du sud ou d’Extrême-Orient ? Ou aurait-il, de lui-même, déçu par notre monde, rejoint avec ses économies une dangereuse secte mystique prônant des idées de fraternité au cours de rituelles thérapies de groupe ? Ou mieux encore, aurait-il été enlevé par la dite secte pour renouveler les divines inspirations sexuelles de son lubrique gourou ? Si toutes ces suppositions sont de l’ordre du possible, il n’en est pas moins vrai que cette disparition est incompréhensible, car ce petit minet était d’un naturel très calme, très pondéré, très prudent dans ses déplacements, très attaché à son panier, à ses parents et à ses amis pour les laisser sans nouvelles. Toute personne susceptible de donner des renseignements est priée de se faire connaître.

Top prize offered

Grosse récompense offerte

Please contact : M. Smith. The Dusty. 01 36 48 13 03

Fiche30. — De ce petit minet d’une beauté voluptueuse qui accroche la lumière... qui peut dire que vous ne direz pas, demain, tout comme moi, avec un voile de tristesse dans le regard et un long sanglot de regret dans la voix :

 

« Un soir, j’ai assis la Beauté sur mes genoux,

Et je l’ai trouvée amère

Et je l’ai injuriée. »

                                                  Arthur Rimbaud.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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rendez-vous

A partir de 23h30 du mercredi au samedi

Chez Paul et Joëlle

rue du Temple

Paris 4e

M° République

Fiche31. — La croquette est le tyran des petits minets. S’il est délicat, il est devant deux difficultés. Forcer son talent pour quelques croquettes de plus, ou savoir s’en passer. Patchouli a résolu la quadrature du cercle. Ses échecs passés lui ont tanné ses dégoûts. Il a appris de ses nombreux rendez-vous à contrer sa sensibilité pour engranger. D’instinctif, il est devenu maintenant excessivement réactif. Son flair lui dicte sa conduite. Il ne néglige plus rien et met très vite en place une stratégie tous azimuts pour surprendre et combler ceux qu’il a cernés. Il ne laisse plus jamais la main de Mère Écœurement agir contre lui. Il n’attend même pas vos interventions pour ronronner de plaisir. Il vous laissera ivre de bonheur au fond du panier et, perdant la tête, inconséquent, c’est encore plus de croquettes barrées que vous lui offrirez de vous-même, pour avoir le droit de le caresser de nouveau — et encore et encore, et encore. Attention : petit minet réservé aux heureux propriétaires de stock-options.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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rendez-vous

A la Gallery

Entrée libre

Open bar de 22h à 5h

rue des Taillandiers

Paris 11e

M° Bastille

Fiche32. — Si, pour différentes raisons, hélas ! c’est le côté compréhensif, conciliant, protecteur, le babillage gracieux et réconfortant, la courtoisie pleine de grâce et de tendresse — et surtout la capacité de patience maternelle de certains petits minets pour leurs fragiles ou vieux congénères — que vous goûtez plus que leur fond, cette petite bête-là est faite pour votre univers intime, qui vous impose des renoncements qui vous affligent et des silences qui menacent de vous engloutir, car jamais, lorsque vous ânonnerez avec difficulté votre vérité, elle ne vous mettra mal à l’aise.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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rendez-vous

Tous les jeudis de 23h à 4h

Entrée libre

Bouteille d’alcool : 100 euros

Bouteille de champagne : 60 euros

Aux Flâneurs

Boulevard des Capucines

Paris 9e

M° Opéra

Fiche33. — L’insatisfaction qui vous ronge provient du fait que vous cherchez désespérément une chose (une religion, un être, une philosophie, une fantasmagorie), qui vous ouvrirait la porte des extases possibles. Vous cherchez et vous ne trouvez pas. Et pourtant cette Chose suprême existe. Je l’ai vue. Je l’ai trouvée. Je sais où elle se trouve. Je sais qui elle est. Elle est ici. C’est ce tendre petit minet. Regardez-le. Il n’a pas sa virtuosité (son art du mouvement devrais-je dire) dans le sang, mais dans l’âme ; et cet art il l’a cultivé en secret, pour nous, avec assiduité, depuis sa prime jeunesse, dans le gymnase des écoles primaires et secondaires qu’il fréquentait. Et c’est ce qui fait que son prêche est si élaboré et si émouvant, car nourri de réminiscences chatoyantes. C’est un des petits minets les plus enthousiastes que j’aie jamais rencontrés. Sa joie de vivre rayonnante et son ardente piété vous irradieront, car il vous tricotera avec ses petites pattes une des plus belles danses de l’âme à laquelle il vous fera participer activement avec toute sa fougue communicative et son énergie live. D’ailleurs il a été élu Roi des petits minets dernièrement dans ce lieu de rencontre mythique où il officie et que j’adore. Puis, tout essoufflé, vous lui direz, tout comme moi : Donne-moi ton sanctuaire maintenant — et, se mettant lascivement sur le dos, il vous répondra : Le voilà ! Ce simple mot : Le voilà ! C’est le plus beau mot qu’une petit minet puisse dire à l’élu de son cœur ou au bienheureux occupant de son panier. C’est le mot que répond Don Juan dans le Don Juan de Molière lorsque le commandeur lui dit : Donnez-moi la main. La voilà ! La voilà ! répond Don Juan. Et j’en tressaille encore. Alors vous, sans plus tarder, sans discours inutile, vous emballant, prenant de la vitesse, vous passez sa porte vivante toute ouverte sur cet infini révélé. Ô mon frère, Ô ma sœur comme je vous envie, car enfin cette Chose, ce soir-là, donnera un sens à votre vie, et peut-être à tout jamais.

Fiche34. — Petit minet tout tendu, tout ramassé sur lui-même comme un chat sauvage, adepte délibéré de l’enfermement, de la solitude et du silence de l’autiste. Vous aurez beau le mignoter rien n’y fera. Les jeunes puceaux fougueux auront tout intérêt à prendre garde, car sa morsure rageuse pourra être sanglante.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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rendez-vous

Les jeudis, vendredis et samedis à 20h30

Chez La Bande à Bernie

Avenue de Choisy

Paris 13e

M° Maison-Blanche

Fiche35. — Il n’y a pas deux petits minets qui se ressemblent, que ce soit par l’aspect, le tempérament, le talent, la grâce. Certains sont d’emblée d’une aisance parfaite, d’une fluidité naturelle dans leur art perfectionné au cours de parcours-croisade d’anthologie dans le monde entier émaillés de nombreuses séances de photos souvent habilement et joliment enluminées par les artistes-photographes eux-mêmes. Nullement gênés par les gros plans, certes toujours à l’avantage des petits minets photogéniques, ils offrent généreusement une multiplicité d’angles de vues qui leur ouvrent les sensations qu’ils attendent, en redemandent, réclament constamment à leur partenaire de resserrer les cadrages afin qu’ils puissent concentrer toutes leurs émotions dans leurs replis. D’autres gesticulent comme des marionnettes, vous repoussent, griffent, hurlent, comme si l’expansion de votre forme dans la troisième dimension du mystère qu’il renferme leur était insupportable. Un autre, Canarium pour ne pas le citer, très accompli dans son art, excelle dans les délicatesses, les transparences toutes en palpitations du répertoire international des petits minets, et vibre de toutes les nuances de l’émotion et d’une fraîche et subtile senteur dès que vous le caressez. Il aime qu’on dise de lui qu’il est un grand soprano dramatique de tempérament et adore qu’on se le dispute, qu’on se l’arrache. Petites-Oreilles, qui a fait sienne la devise de Descartes : « Je m’avance masqué, larvatus prodeo » bafouant son rôle ludique et interactif, vous étourdit de son habituel thème idéologique et rhétorique sur le destin des petits minets dans l’histoire et cherche à vous culpabiliser au moment où vous vous y attendez le moins : « Il serait temps que les petits minets fassent une révolution équivalente à celle de 1789, vous hurle-t-il à l’oreille, et renversent certains comportements seigneuriaux qu’ils jugent trop brutaux, oui ! et qui posent, de plus, trop souvent, le douloureux problème de l’avortement des petits minets. » Un vrai chantre ringard de la révolte féminine post-soixante-huitarde ce petit minet. Il ose suggérer que la société ne traite pas de nos jours ses petits minets avec humanité et délicatesse. Quant à Minet, l’acte physique de danser avec vous suffit à le projeter dans la dimension mythique du désir... où il atteint si vite le point culminant du plaisir, que vous croyez, sans peine, aux sortilèges de la convention expresse que vous venez de signer. Il est fascinant à regarder. Il fut la muse, dit-on, des dernières années du célèbre peintre russe Rivynski. Son beau corps aux formes lourdes scande la sensualité et le libertinage. Oeoniella a une petite silhouette en ombre portée du cinéma X qui vous fait d’emblée penser à un corps en souffrance à la recherche d’une âme salvatrice. Il se prétend à la dérive et veut tout en pleurs que vous exploriez ses hésitations, ses pulsions et ses frustrations. Mais il erre comme un fantôme dans la pénombre, vous cherchant désespérément, mais surtout lui-même, organisant un ballet à la fois fluide et difforme, utilisant tout le champ de son désespoir pour fuir le bonheur, sans que jamais votre force visible, exprimée, puisse entraver ses mouvements furtifs : il vous rejoint à tâtons, soupire, vous effleure, s’enfuit et miaule, loin de vous, de souffrance en lui-même. Quant à Rose de Printemps, si beau que soit sont style, si sensuelle son écriture, il est dépourvu de l’essentiel, le feu de l’Être, cet élément cosmique qui fait des petits minets des œuvres d’art vivantes aptes à faire chanter nos âmes. Il lui manque cette nécessité du dedans pour donner un sens à son action, pour vous transporter dans une sensation d’immensité due à la conscience d’exister, pour vous faire oublier, ne serait-ce qu’un seul instant, le monde de béton, de parkings et d’autoroutes ; de bruit et de fureur où vous retournerez demain. Mais je m’arrête là... car on n’en finirait pas d’énumérer les dissemblances des petits minets. Croyez-moi, un livre de huit cents pages n’y parviendrait pas.

Fiche36. — Ce petit minet a depuis longtemps fait sien le dicton japonais : « Le pire ou le meilleur, je veux être le plus. »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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rendez-vous

Tous les soirs de 22h à l’aube

RnB, funk, ragga, house, asian mix...

Au Nouveau Clubbing

rue du Tage

Paris 13^e

M° Porte d’Italie

Fiche37. — Ce petit minet de référence (car je le conseille à tous les âges, à toutes les nationalités, à toutes les sensibilités) est une plante vivace dont le calice renflé contenant le fruit s’ouvre à maturité dans un océan de sensualité dont tout amateur de petit minet rêve encore, car il sait rester indéfiniment vivant et curieux de mille choses. A sa vue vous vous placerez de vous-même dans un ordre transcendant préexistant d’où vous aurez du mal à sortir, je tiens à vous en avertir dès maintenant, car il essayera de vous faire parvenir de façon synthétique, suggestive et sereine, par la plus pure fusion des sens, à l’extase suprême. Il vous ouvrira un moment de communion réelle, mieux ! — d’unité ontologique entre la chair et l’affectivité en vous maintenant longtemps prisonnier dans ce qu’on pourrait appeler d’une manière hardiment métaphorique, sa composition résineuse d’encens et d’élémi. Oui, posséder ce petit minet c’est éprouver la sensation d’être un dieu. Néanmoins, la chute pourra être dure si vous n’êtes pas à la hauteur, car il vous considérera au préalable... et peut-être, abusivement, comme véritablement un dieu. Je suis si impatient que vous rencontriez ce petit minet que je vous donne son lieu de rencontre en miaulant moi-même de joie comme un jeune matou prétentieux.

 

 

 

 

 

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rendez-vous

Tous les mardis, jeudis, vendredis à partir de 21h

A La Boutique

rue de Châtillon

92240 Malakoff

Fiche38. — Ce petit minet est inexpressif, sec et atone : Je ne vous le conseille pas, sauf de vous munir de crème, d’onguent, de gel, ce qui est très déplaisant... à moins que les efforts violents, les coups de butoir, les tackle brutaux, ne soient les actes que vous préférez le plus.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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rendez-vous

Du jeudi au mardi de 21h à l’aube

Au Magic-Jazz Club

Boulevard Gouvion-Saint-Cyr

Paris 17e

M° Porte-Maillot

Fiche39. — Ce qui nous différencie des petits minets et fait que nous ayons bien souvent du mal dans nos rapports sentimentaux avec eux après qu’ils se sont offerts, c’est que, la première chose à laquelle ils pensent lorsqu’ils s’imaginent que nous allons lier nos sorts, c’est à la qualité du panier... modulable, qu’ils espèrent que nous achèterons pour assurer leur destinée et leur descendance. La plupart (hormis ceux de mon guide) se laissent aller abusivement à penser, quelques semaines après la première nuitée, que nous investirons dans un panier en résine rose bonbon teintée dans la masse et relevé de guirlandes sculptées, avec piscine, dépendances multiples et jardin privatif digne du monde merveilleux de Walt Disney ; et que nous leur offrirons, par dessus le marché, au quotidien, durant toute leur longue vie, non pas des noeuds de tous les jours mais des noeuds d’exception, provenant des couturiers les plus prisés : Hermès, Lanvin ou Givenchy ; des noeuds de soirées de Dior, Montana, Féraut ou Mugler ; et même les noeuds hors de prix des jeunes créateurs contemporains comme Oswaldo Costa ou Manfred Millicent. Cette prise de parti matérialiste vient du fait, disent les psychologues, que le petit minet place, dans le temps, la raison et le confort, la logique, ce qui vient de l’esprit plutôt que du cœur, bien au dessus des aléas du sentiment, alors que nous, c’est le sentiment de la liberté qui nous gouverne ; nous avons besoin de liberté, d’espace, de l’inconnu, de l’aventure. L’avenir ficelé à tout jamais avec le même petit minet et une ribambelle de chatons bruyants dans des paniers même bien astiqués nous effraye. Nos essences sont différentes et nous n’y pouvons rien. Il résulte de cette observation que la plus grande prudence s’impose après toute rencontre (hors guide) couronnée de succès. Sinon, c’est à coup sûr le panier-cage en résine rose bonbon qui vous attend, vous, si vous vous en laissez compter par cette sorte de petit minet pondeur par trop calculateur, par trop terre à terre, par trop obsédé par la vie de famille, le confort, les apparences et l’avenir.

Note. — Boire un verre entraîne toujours vers un autre. Il en est de même pour les fiches de mon guide. Elles suscitent en vous une soif irrépressible de rendez-vous enchanteurs susceptibles de vous affranchir de l’ordre du quotidien. Les petits minets se succèdent, se révèlent au hasard des pages que vous tournez, et vous vous sentez déjà tout étourdi par toutes ces formes sensibles qui miaulent langoureusement au fond de tous ces jolis petits « paniers du bonheur » portés à votre connaissance —, se balancent sur leurs petites pattes, offrent leur ventre aux caresses, arrondissent le dos, remuent leurs oreilles, crispent la croupe, et dansent sur la pointe des griffes ou couchées sur le dos. Aucune bonne raison ne peut plus étancher votre soif inextinguible de découverte et vous courez comme un fou — tout rempli d’une extraordinaire émotion — aux adresses offertes... pour des évasions sidérales hors du temps, pour des corps à corps paroxysmiques avec le divin, pour une extase hors du commun dans la sente radieuse d’une fraîche et vivante forêt du Paradis terrestre ; et même vers ce petit minet que ma grande humanité, ma grande charité vous interdit d’aller voir (bien que je le fiche à la page suivante), sauf bien entendu d’être vous-même une sorte de Vulcain affamé, apte à ronger les entrailles d’une chaudière... ou quelque chose comme ça : AH ! AH ! AH !

 

Fiche40. — Horreur ! ce petit minet, les poils au vent, n’est pas une somptueuse et lumineuse galaxie performatrice — constellée de strates, de nervures, de grains de lumière, de pans roses ou cuivrés, rehaussée d’un point stellaire brun haut perché dans la splendide structure solaire de son Tout — propre à induire dans votre être des ardeurs cosmiques ; une merveilleuse et attractive plate-forme florale en cuvette bordée de lignes paresseuses brûlées par le soleil tropical, d’où émerge le rouge éclatant de la fleur du symphonia, et se lèvent en volutes gazeuses des parfums fruités-aquatiques et des effluves musquées, comme celles, entre autres, de l’écorce de l’okoumé du Gabon ; et encore moins une gracieuse métaphore chromatique de votre quête de sensations au graphisme réactif adapté à vos visées créatives — non ! — mais une bouche dentée, monumentale, découvrant un assemblage de clous, de ferraille, de vieux cartons, de végétaux cousus et collés sur toile, de vieilles godasses pourries, de tuyaux de fer, de tôles pliées, disons toutes sortes d’objets de rebut (d’éléments triviaux pour ce qui devrait être une œuvre d’art) en provenance des abus consuméristes de notre société du spectacle ; une sorte de forge au travail faite pour le dégoût du voir, détruisant à grands cris rêves ou fantasmes ; une machinerie bruyante, barbare, presque obscène — dont on ne sait trop dans quel état elle vous laissera, de laquelle sort des langues de feu jonchées d’étincelles sauvages déchaînées contre votre nature, des volutes de vapeur nauséabonde et des dégueulis de boue rubescente — ; qui vous fera passer, tout brûlé, tout corrodé, tout dépoli à force d’avoir roulé entre ses parois d’acier... de la métaphore à la réalité, les entrailles brûlées, les orbites vides, le nez mangé et la bouche rongée. Allez-y, allez-y voir mon cher lecteur et même vous, ma chère lectrice avec votre surprenante batterie de jouets intimes — mais ne comptez pas sur moi pour vous ramener à la maison, la vision tragique de la destinée humaine que vous offrirez ce soir-là, n’est pas ma tasse de thé.

Fiche41. — Ce petit minet d’une blancheur lunaire stupéfiante se révélera à celui qui ira à lui, non pas en inaffectif et indifférent contemplateur du blanc immaculé, mais en chantre fou amoureux — dans la plénitude de ses facultés physiques — de la blancheur violemment sensuelle des corps vivants, et si possédé par la perspective d’intrusion dans la vibratile et mobile trame écarlate de leur étourdissante profondeur, qu’il ne puisse que s’exprimer dans la spontanéité de son émotion pour apaiser l’ivresse de ses sens. Vers vous ce laiteux, onctueux et lumineux petit minet s’élancera pour vous faire atteindre, dans une violence prodigieuse — au divin — et contre son ventre vous cristalliserez votre émerveillement... pour autant que sa force d’immanence — comme je viens de le dire en filigrane — vous ait subjugué sur-le-champ ; car, attention ! il ne vous donnera que quelques secondes d’ouverture et d’exposition. — Mais oui, notez-le tout de suite, si ce petit minet appelle avec une avidité furieuse la trace de son impétueux enchanteur dans le profond sillon de feu de son enivrante blancheur, il veut qu’elle soit, de plus, rapide comme l’éclair, comme un coup de sabre vengeur, sinon, tel Louis-Ferdinand Céline il poussera des cris de rage, vous ensevelira sous un flot d’insultes et de paroles destructrices ; puis vous chassera de son univers corporel. Et à tout jamais, ce rendez-vous raté vous hantera. Mais oui, je le répète, sauf de ne pas être une âme vaillante apte à développer en quelques secondes en un petit minet les esprits vitaux en un sauvage cosmos, cette orchidée lunaire sera pour vous tout autre chose qu’une figure de rhétorique.

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rendez-vous

Du mercredi au vendredi de 21h à l’aube

Au Crocodile Café

rue de Citeaux, Paris 12e, M° Faidherbe-Chaligny

Fiche42. — Je ne vous conseille pas de parler tout à tract (sans pouvoir dissimuler une expression presque bestiale sur la figure) de vos pulsions sadomasochistes à un gracieux petit minet fortement désiré mais tout recroquevillé sur sa chaise, tout particulièrement sur ses gardes (sans que vous sachiez pourquoi) ; et encore moins de le questionner sans pudeur sur ses propres tendances pour voir si elles correspondent aux vôtres afin de gagner un temps précieux. Ce serait malhabile et grossier et vous risqueriez de l’effrayer, de le bloquer dans son esprit, voire de le faire fuir ventre à terre (perdant ainsi le fruit des quelques consommations déjà réglées) et à tout jamais — ce qui serait dommage car, refoulant momentanément vos perversions, vous auriez pu tout de même passer un moment agréable en sa compagnie. Soyez habile. Sondez avec circonspection le tendre terrain. Racontez-lui, par exemple, pendant qu’il déguste avec gourmandise son ice cream soda à la vanille tout en posant sur vous un regard inquiet, la parabole qui suit, en la ponctuant de sourires et de clins d’œil entendus, et alors : — ou il n’est pas de votre monde intérieur, et le voyant écarquiller de grands yeux humides et horrifiés, vous n’avez pas de mots assez durs pour fustiger le comportement qui vous fait horreur du petit minet de cette parabole, et mettez immédiatement en place une autre stratégie verbale pour le retenir sur sa chaise et le rassurer sur votre normalité et vos pures intentions ; — ou étant de votre univers psychosexuel, il comprend si vite la dite parabole, qu’il se lève fébrilement et tout excité, vous plantant ses griffes dans le bras vous entraîne en courant dans son panier... et à vous les délices du fouet et autres outils du plaisir sadique qui vous ouvriront les horizons espérés et réciproquement parlant.

 

 

LA PARABOLE DU PETIT MINET ET DU SAINT HOMME :

où l’on voit un saint homme refuser d’être sauvé par Dieu et se laisser tuer par ses bourreaux dans des souffrances effroyables pour assurer la tranquillité d’un petit minet criminel. « Le cœur a ses raisons, que la raison ne connaît point. » Pascal.

 

Au temps de Mérope Ier tyran de Samarcande, croupissait en prison dans l’allée des condamnés à mort, un saint homme d’une beauté étrangement séraphique.

Le petit minet préféré du tyran qui ce jour-là se promenait devant les cellules des condamnés en miaulant d’ennui, le remarqua. Il courut chez son vieux Maître le tyran, et lui tint ces propos :

Ô mon Maître adoré, Sublimité de ma vie, Délices de mes nuits, ce saint homme est très beau. Je t’en supplie, ne le tue pas ; donne-le moi. J’en ferai mon doux esclave.

— C’est impossible mon petit minet chéri, répondit le vieux tyran tout rabougri par les ans, ce saint homme est un dangereux prophète subversif. Il fomente des révoltes. Il soulève le peuple contre moi. Il annonce la venue sur terre d’un nouveau Roi né à Bethléem, le Messie l’appelle-t-il, qui, dès qu’il le pourra me chassera de mon trône, fondera ici-bas le Royaume de Dieu : la liberté pour tous, le socialisme, la démocratie. Ce Messie partagera avec les pauvres nos richesses. Il nous boutera hors du pays et nous serons condamnés à errer à l’étranger comme des misérables avec nos courtisans affamés. Non, ce prophète est trop dangereux ; il sera lapidé demain matin en place publique, comme il est de coutume dans notre pays.

Le petit minet eut beau pleurer, se lamenter, tempêter, se rouler par terre, le tyran, bien qu’habitué à satisfaire tous ses caprices, ne céda pas.

Le petit minet se ravisa :

— Eh bien, mon Maître bien-aimé et idolâtré, Vénération de mon coeur, Joie de mes sens, puisque ta volonté est inébranlable, ne le fais pas lapider, mais fais le écorcher tout vif comme il est de coutume dans certains pays voisins où cette pratique, un tant soit peu plus métaphysique que la nôtre, avouons-le — un autre condamné suivant toujours dans la foulée le précédent écorché — symbolise l’éternel retour des saisons. Puis tu me donneras sa peau et j’en ferai un petit coussin pour mon panier. Ainsi, dans mes grands moments de rêveries et d’émotions, je pourrai caresser de ma douce patte, et avec nostalgie, sa belle peau d’ange.

— Qu’il soit fait selon ta volonté, mon doux petit minet.

L’heure de la mise à mort par écorchement arriva, et le saint homme se mit à pousser de tels cris terribles de souffrance qu’ils envahirent toute la prison et montèrent jusqu’au ciel.

Dieu dans les cieux les entendit et se penchant au-dessus de la prison :

— Mais qu’est ce que c’est que cette horreur. Comment peut-on faire souffrir un saint homme de cette manière. Je ne peux pas tolérer ça. C’est trop de barbarie. Si cette tuerie ne cesse pas immédiatement, je détruirai cette ville, un tremblement de terre emportera tous ses habitants dans la ténèbre ; la peste envahira tout le pays ; je jetterai à bas tous les temples des régions les plus reculées ; je briserai tous les barrages ; les forêts brûleront. Je promets mille ans de malheur à ce peuple si cette boucherie ne cesse pas — et pour commencer ma biblique vengeance qu’on m’amène ce petit minet abjecte qui a initié cette tuerie. Il a insulté l’humanité. Je vais le punir. Je vais lui faire perdre le goût de son canigou ronron, moi. Je vais moi-même l’étriper, l’exciser, lui arracher les yeux, l’éviscérer, et un fleuve de sang coulera de ses entrailles lubriques.

Les bourreaux furent si terrorisés par la voix et les menaces de Dieu qu’ils stoppèrent net leur travail.

— Pourquoi vous arrêtez-vous gémit le saint homme dont le sang ruisselait de partout, et qui, dans ses grandes souffrances, n’avait pas entendu Dieu.

On le mit au courant.

— Oh non, murmura le saint homme au grand étonnement des bourreaux, je ne veux pas que cela arrive ; que Dieu fasse tout ce qu’il veut à ce peuple mais qu’il ne touche pas à ce petit minet innocent qui, par son aura, son authenticité, sa pureté m’a ému et a fait palpiter, pour la première fois de ma vie, mon pauvre cœur de pénitent. Je ne le supporterai pas. Je ne veux pas que son sang coule à cause de moi. Ce petit minet a été créé pour la lumière et non pour la ténèbre. Eh bien, messieurs les bourreaux, continuez votre travail, je vais cesser de crier. Dieu ne m’entendra plus.

Et effectivement, les bourreaux, des cet instant, purent continuer leur besogne sans qu’il poussât un seul cri, un seul gémissement.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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rendez-vous

A partir de 22h30 les jeudis et vendredis

A La Cantine New-Yorkaise

Square Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie

Paris 4e

M° Hotel-de-Ville

Fiche43. — Certains petits minets très courus, font quelquefois comme le bonheur, on les attend toujours.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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rendez-vous

Entrée gratuite pour les filles avant 1h30

Au Panier Ardent

Quai Branly

Paris 15e

M° Bir-Hakeim

Fiche44. — D’emblée, ce joli petit minet étranger à l’accent slovaque qui tient ses assises au Magic Club vous raconte cette troublante histoire qui m’a remué jusqu’aux tripes... mais fort heureusement j’avais été averti : «  Je suis arrivé en France excessivement pauvre. J’habitais dans un logement sordide à Ivry-sur-Seine. Dès que j’ai travaillé j’ai pris des cours de français. Un étudiant me les donnait à domicile. La moitié de mon maigre salaire passait dans ces cours. Mais il était important pour moi que je parle mieux le français afin d’améliorer rapidement ma situation. L’étudiant me faisait faire des dictées. Il s’approchait à pas de loup dans mon dos, et voyant la faute, il me frappait avec violence. J’ai toujours accepté qu’il me frappe. ». Détournez immédiatement la conversation, car ce petit minet est follement dangereux, bien que j’aie accepté, à sa demande, de l’introduire dans mon guide (car c’est vrai : il vaut le détour ; il m’a enchanté). Aucune violence n’est à mettre en œuvre pour l’engager à respecter ses promesses. Aucun coup de pied dans le panier pour le mettre en mouvement. Aucune calotte sur le museau pour lui manifester vos exigences. Ne vous laissez surtout pas attendrir par son air d’étrange soumission. Maîtrisez-vos mauvaises pulsions s’il en est, car, s’il est une félicité, il est aussi une formidable menace : il est d’une ambiguïté folle et fait procès sur procès, souvenez-vous en, aux gros malins qui tombent dans son traquenard. Tenez, je vous conseille, avant d’aller le voir, de lire le code pénal (non pas pour vous mettre, à l’instar de Stendhal, en appétit d’écrire), — mais pour vous informer des foudres judiciaires que vous encourrez si vous vous laissez aller à certains gestes brutaux sur ce petit minet tout particulièrement manipulateur (et probablement savamment conseillé par un petit ami juriste) qui, d’une manière implicite, vicieusement, vous invite à le cogner sans ménagement.

Fiche45. — Mon cher lecteur (trice), je vous recommande de n’aller voir ce spirituel petit minet (qui a fait de toute évidence sienne cette maxime de Chamfort, moraliste français (1740-1794) : «  La nature ne m’a point dit : Ne sois point pauvre ; encore moins : Sois riche ; mais elle me crie : Sois indépendant »), que si vous êtes bien convaincu que votre aisance financière ne vous ouvre pas le droit de vous comporter avec un petit minet de mon guide comme s’il était une vulgaire marchandise ; car voici ce que ce petit minet, qui sirotait un verre de coconut au vieux rhum en compagnie d’un minou gracieux et d’une beauté ineffable, répondit à un matou de ma connaissance — gras comme un banquier, fat, prétentieux et laid de surcroît, très fier de son collier festonné de pierres précieuses — qui s’était imaginé, du haut de sa réussite sociale, obtenir sans conteste contre croquettes sonnantes et trébuchantes quelques instants de bonheur dans son panier : « Monsieur le greffier, je ne vous suivrai que si vous revenez demain (et il lui désigna le gracieux minou) avec cette figure-là. » La morale de cette fiche pourrait être celle qui s’inscrit en filigrane dans cet autre propos de Chamfort : « Un vieillard me trouvant trop sensible à je ne sais quelle injustice, me dit : « Mon cher enfant, il faut apprendre de la vie à souffrir la vie. »

 

 

 

 

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rendez-vous

A partir de 20h30 les mardis, merc., vend. et sam.

A La Villa

Boulevard Voltaire

Paris 11e

M° St-Ambroise

Fiche46. — Si ce chat-là vous grignote en permanence le cervelet, je vous conseille de filer en vitesse au rendez-vous suivant de mon guide, car il n’est pas bon de ne vivre qu’une seule expérience.

 

LE CHAT

 

I

 

Dans ma cervelle se promène,

Ainsi qu’en son appartement,

Un beau chat, fort, doux et charmant.

Quand il miaule, on l’entend à peine,

 

Tant son timbre est tendre et discret ;

Mais que sa voix s’apaise ou gronde,

Elle est toujours riche et profonde.

C’est là son charme et son secret.

 

Cette voix, qui perle et qui filtre,

Dans mon fonds le plus ténébreux,

Me remplit comme un vers nombreux

Et me réjouit comme un philtre.

 

Elle endort les plus cruels maux

Et contient toutes les extases ;

Pour dire les plus longues phrases,

Elle n’a pas besoin de mots.

 

Non, il n’est pas d’archet qui morde

Sur mon cœur, parfait instrument,

Et fasse plus royalement

Chanter sa plus vibrante corde,

Que ta voix, chat mystérieux,

Chat séraphique, chat étrange,

 

En qui tout est, comme en un ange,

Aussi subtil qu’harmonieux !

 

II

 

De sa fourrure blonde et brune

Sort un parfum si doux, qu’un soir

J’en fus embaumé, pour l’avoir

Caressée une fois, rien qu’une.

 

C’est l’esprit familier du lieu ;

Il juge, il préside, il inspire

Toutes choses dans son empire ;

Peut-être est-il fée, est-il dieu ?

 

Quand mes yeux, vers ce chat que j’aime

Tirés comme par un aimant,

Se retournent docilement

Et que je regarde en moi-même,

 

Je vois avec étonnement

Le feu de ses prunelles pâles,

Clairs fanaux, vivantes opales,

Qui me contemplent fixement.

 

              Charles Baudelaire,

               Les Fleurs du Mal .

 

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rendez-vous

Tous les jours : ouverture des portes à 23h30

Petits minets à gogo

Au Sonia

rue Lepic

Paris 18e

M° Blanche

Fiche47. — Mon cher lecteur, si je vous raconte cette malheureuse histoire, c’est pour que vous ne commettiez pas la même erreur verbale que moi, car ce petit minet est plus qu’un moment de bonheur, il est un monument de sensualité quand il ne philosophe pas. Ce petit minet était sur le point de faire tressaillir ma chair d’une joie exquise, lorsque, par une bizarrerie de la pensée, il eut la fâcheuse idée de me parler du suicide d’Amaryllis qui nous a quittés récemment. Je lui répondis incidemment, pour le détourner de sa tristesse fort mal venue, que, si Amaryllis s’était donné la mort : Ç’avait été son choix ! Ô grave manquement à la vertu du silence dans un moment pareil. Comme je m’en veux! Le petit minet sortit en furie de son panier. Il se tourna vers moi, et fulmina : J’ai horreur qu’on dise d’un petit minet qui s’est suicidé : Ç’a été son choix ! Non, ça n’a pas été son choix ! C’est une force plus puissante que lui qui l’a poussé à la mort ; et cette force, c’est le désespoir - le désespoir induit par le néant qu'il a entrevu, le vide qui l'a envahi, la souffrance physique qui l'a brisé, le malheur qui l'a frappé. Il n’a rien pu faire contre cette force. S’il avait pu se retenir, il l’aurait fait. Et il aurait vécu. Mais son désespoir a annihilé sa raison. Alors, vous ! vous ! qui n’avez rien tenté pour l’aider, vous, qui n’avez rien vu venir parce que vous êtes aveugle, vous qui n’avez rien fait pour le sauver — ne vous déculpabilisez pas en disant : Ç’a été son choix ! Non ! Cela n’a pas été son choix ! La morale de cette triste fiche, c’est que les petits minets de mon guide sont loin de n’être tous que des bêtes à poil sans raisonnement métaphysique. Prenez garde à vos propos. Faites tourner sept fois votre langue dans votre bouche avant de pontifier doctoralement, du haut de votre fatuité, quelques lieux communs de service.

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rendez-vous

De 22h à 3h les mardis et samedis

A L’Ecume, rue Vercingétorix, Paris 14e

Fiche48. — Le petit minet qui vous refuse un rendez-vous, vous rend peut-être un fier service.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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rendez-vous

Les mardis, jeudis et vendredis à partir de 21h45

Coupe de champagne et gâteau d’anniversaire offerts au moins de trente ans

Au ChaCha Club

rue des Petites Ecuries

Paris 10e

M° Château-d’Eau

Fiche49. — Si faire le petit minet n’était pas exaltant, ce petit minet arabe qui n’a que dix-huit ans n’aurait jamais voulu faire partie du monde généreux et vivant des petits minets. Un petit bijou de petit minet que ce Senteur d’Orient qui est un peu le petit frère de Daniel Reginfied, le héros sexpop éclectique, coqueluche des night-clubs parisiens de ce début de siècle. Adolescent dissipé, batailleur, querelleur, détestant l’uniforme et l’école coranique — la conscience religieuse de ses parents n’étant pas pour lui un facteur d’indétermination —, il rejette très tôt versets du Coran, voile, tchador, jilbab, bourka et autres oripeaux orientaux des années Mahomet, résolu à se détourner avec détermination, dans le bruit et la fureur, de ses ombres personnelles ; et fugue. Il arrive à seize ans sans un sou à Paris, et ses parents restés au pays ne pèseront jamais de leur poids d’absence dans sa quête de soi qui commence. Par chance, très vite, une riche et vieille dame esthète au grand cœur, à la fois collectionneuse de peintures abstraites, de sculptures allégoriques et d’aventures scabreuses, le prend à son service. Elle en fait son chauffeur-secrétaire et, le logeant à domicile, prend son éducation intime en main. Le refoulement des instincts n’étant pas exactement le genre de la vieille dame, c’est à grandes touches expressionnistes à tendance sexfunk et au caractère autobiographique saillant qu’elle l’initie aux joies du Kâma-sûtra version lesbos — et tant et si bien que, s’émancipant, c’est en virtuose électro et tortueux de cette fresque érotique vivante indienne, qu’il rejoint nuitamment, pendant le sommeil réparateur de la vieille dame, les jeunes matous proprets de la bonne société du quartier. C’est son premier emploi et premier grand voyage dans le monde des sens. Il s’affirme, découvre la vie mondaine, fréquente les grands hôtels, les bars de luxe, les clubs hantés par la jet-set, les défilés de mode, s’encanaille à l’occasion dans les boîtes vulgaires et les rave géantes avec les basses classes, la France d’en bas, observe cette faune, partagé entre fascination et répulsion pour les nouvelles mœurs sexuelles des jeunes français. En fait, il ne se sent pas étranger à ce monde-là ; il s’y frotte, s’y pique et s’en repaît. Il réfléchit à son avenir... et prend des cours d’expression artistique dans une chorale turbulente et sexgroovy à la mode. Il mûrit... devient mystérieux et mystique, et se reconvertit dans le monde professionnel des petits minets danseurs-chanteurs et quêteurs d’âmes, d’abord au Dirty-Dance-Studio puis au Rock Gold Club où il tiendra ses assises toutes les nuits de la semaine sans discontinuer, travaillant son art avec l’acharnement d’un vrai évangéliste des joies de la musique, de la danse et du sexe jusqu'à devenir très vite d’abord la coqueluche de ce lieu, puis une sorte d’astre cosmique sexhip-hop aux miaulements et entrechats licencieux ne déparant en rien le paysage de la libération des moeurs actuelles. Si son style sophistiqué et son sexflow versatile le rangent dans la grande famille du hip-hop sexopsychédélique et cintré des petits minets dingos de Belleville, de Saint-Denis Village ou encore des Magnetos Rock ou des Cyclops Mystiques de Montreuil, Senteur d’Orient s’est vite façonné une légende et un univers sonore et chorégraphique personnels, en marge des canons esthétiques des rave parties à tendance pseudo-sexélectro-grove, indolores et formatées, qui tournent en boucle dans toutes sortes de lieux et de paniers non référencés ici. Aussi bien influencé par le sexfunk lunaire de Mister X., prince du Sunside de la rue des Lombards, les expérimentations sexpop, sexfolk, sexblues, sexrock, de Gang Positive Révolution, les références politiques de Lolo Icecream le petit minet fétiche de Dynamite Charge, les rêves sexfree-jazz de Garage R&K and Love ou les sexriffs de griffes du groupe Bonsaïs, Senteur d’Orient se situe entre révolutions sexoculturelles passées et extrapolations fantasmatiques futuristes. A peine sollicité, il s’approfondit et par la grâce d’une écriture sexdance proprement magique transfigurant la banalité du quotidien, il vous illumine sans cesse d’avantage. Il pratique son jeu tour à tour âpre, tour à tour abandonné, mouvant, ou heurté, non comme un jeu d’esprit intellectuel, comme certains petit minets que j’ai rencontrés épuisés par trop d’excès ou déboussolés par trop d’introspection, mais par goût, avec une véritable appétence. Et le tout dans ce sexlangage poétique, brillant, complexe et inspiré qui prouve, s’il en était besoin, que les petits minets arabes ont reçu, eux aussi, comme certains petits minets occidentaux qui peuplent ce guide, une étincelle de divin pour nous transcender. Normal, donc, que son jeu cataclysmique déroute, dérange, désoriente, mais ne laisse jamais indifférent. Sa rythmique tantôt sèche et abrasive, tantôt avide de douceur, passe, je le redis, avec une aisance incroyable d’un registre à un autre, je veux dire des déhanchements sexrock-funk hybride de haute voltige à des pas de sexjazz blues des plus alambiqués, conjuguant vibrations ventrales détonantes et mélodies sexpop-soul neurasthéniques quoique positives avec une désinvolture saisissante. Génie de la danse et du panier, c’est — maintenant qu’il a réussi — exclusivement les mercredis, jeudis et vendredis que Senteur d’Orient fait éclater son talent et sa joie de vivre avec ses fans. Votre passage dans son cabaret-spectacle sera l’occasion de suivre, ensuite, cette bête de scène dans son panier pour la voir virevolter, hurler, miauler comme si sa vie en dépendait. La vôtre, en tout cas sera suspendue au fil de ses gâteries, caresses et autres fantaisies, pour un moment exceptionnel. Gageons que ce petit minet arabe qui, de plus, distille un subtil mélange de fleurs de nénuphar, d’oranger, d’ambre et de musc, s’imprimera avec force dans votre mémoire et n’en sortira plus.

 

 

 

 

rendez-vous

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Fiche20 :

A partir de 20h30 : relâche dimanche, lundi et mardi

Aux Vêpres

Boulevard Malesherbes

Paris 8e

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Fiche22 :

Les jeudis et dimanches de 22h à 4h

Au Tropique du Cancer

rue la Fontaine

Paris 16e

Les samedis

A Accidental’Art

rue de Rennes

Paris 6e

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Fiche25 :

Du lundi au vendredi en plein après-midi

Au Passe-Temps

rue des Batignolles

Paris 17e

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Fiche28 :

Les mercredis et jeudis — parfois les samedis

Au Bal des Chats

rue des Minimes

Paris 3e

M° Chemin vert

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Fiche33 :

Tous les jeudis de 22h à 6h

A l’Éléphant Club

rue de l’Orillon

Paris 11e

M° Goncourt

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Fiche35 :

Du mardi au samedi de 21h à 1h

Aux Cordeliers

rue de Richelieu

Paris 2e

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Fiche39 :

A partir de 18h les jeudis et vendredis

Chez Gilda

rue Blanche

Paris 9e

M° Trinité

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Fiche40 :

A partir de 21h du mardi au samedi

Chez Planète Cosmopolite

Boulevard de la Chapelle

Paris 10e

M° La Chapelle

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Fiche44 :

Les mardis, jeudis et vendredis à partir de 22h

Au Magic Club

rue d’Amsterdam

Paris 9e

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Fiche49 :

De 23h à 5h les mercredis, jeudis et vendredis

Spectacle de petits minets danseurs dès l’ouverture

En vedette sur scène : Senteur d’Orient à 0h15

Chez Electronic Planétarium

rue de Charenton

Paris 12e

M° Reuilly-Diderot

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FIN

VOUS VENEZ DE LIRE :

ANDRÉ THOMAREL

RENDEZ-VOUS

GUIDE DU PETIT MINET

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49 fiches illustrées

où

rencontrer

un petit minet.

X
PHOTOS
X
FICHES

DIFFUSION P.

ISBN 2-9513312-3-1
Dépôt légal : mars 2004
Réimpression 2005
ISBN 2-9513312-4-X
Dépôt légal: janvier 2006

Note: ---.

rendez-vous

LE THEME

 

Le thème de RENDEZ-VOUS que vous vener de lire exprime le conflit moral, qui existe dans bien des hommes, entre le besoin de voir et la honte de regarder le sexe féminin. C’est pour cela que le narrateur de « Rendez-vous » ne prononce jamais le mot sexe. Il parle par analogie à la manière de Baudelaire dans les Fleurs du Mal. Il dit « petit minet ». C’est pour cette raison que, dans les photos sexpop art, les sexes sont ou à moitié coupés, ou camouflés par l’écriture. La mutilation symbolise la gêne, la honte, voir le dégoût de soi… jusqu’au moment où le besoin de voir est si fort que l’instinct se libère sauvagement, rageusement.

Visite de notre exposition SEXPOP ART

GALERIE SEXPOP ART

PHOTOS-COMPOSITIONS PHOTOGRPHIQUES

Directeur artistique :

A.THOMAREL

Fondateur du mouvement sexe and pop art fantasy
(SEXPOP ART)

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